La pierre sêche pour gérer l’eau

  • Les interstices entre chaque pierre sont autant de vides qui forment des micros-drains . Cela freine le phénomène de ruissellement. Cette qualité drainante du mur donne à l’eau le temps d’imprégner le sol tandis que l’excédent passe aisément au travers des murs. Ce rythme cassé par le mur en pierre sèche limite l’érosion : « A Vaison La Romaine, en 1992, un diagnostic scientifique a établi une relation directe entre ses catastrophes naturelles exceptionnelles et l’abandon, en amont, d’ouvrages en pierre sèche. » [1].
  • Le mur de pierre sèche, construit sans mortier, joue le rôle de filtre, qui guide l’eau mais retient la bonne terre. Cette terre rare des collines, s’accumule depuis des siècles et fait partie intégrante de notre patrimoine local : « En 2003, les îles des Cyclades, en Grèce, ont vécu trois jours de fortes pluies après une longue période de sécheresse. L’abandon du système de terrasses et de clôtures en pierre sèche a
    entraîné un phénomène irrémédiable. Certains sites ont été dévastés, et la terre, comme arrachée à la roche mère. Après cet incident, les membres du gouvernement ont observé avec consternation l’eau boueuse qui encerclait les îles : la terre était partie à la mer... Le ministère de la culture a dès lors dégagé un budget pour subventionner les agriculteurs qui maintiendrait en état leur patrimoine de murs. »
     [2].
  • Les pierres emmagasinent le jour la chaleur du soleil qu’elles restituent par inertie durant la nuit.
    Les murs atténuent les effets du vent. En été, ils stockent l’humidité ce qui régule la chaleur. Ils contribuent à protéger les cultures en créant des microclimats : « Dans le région Italienne du Trentin, l’institut de recherche agronomique a prouvé que la
    qualité gustative de pommes issues de parcelles en terrasses, comparée à celle de pommes cultivées en plaine, à variétés et conditions culturales identiques, étaient bien supérieure. D’autres exemples comme le riesling qui exalte sa typicité grâce aux terrasses schisteuses, ou le fromage d’été, en Suisse, qui corse son caractère après affinage en alpage dans une cabane en pierre sèche, viennent corroborer cette observation »..
  • « Véritable niche écologique le mur abrite une grande variété de plantes recherchées pour la santé ou l’alimentation (sedum, joubarbes, nombril de vénus, asperge sauvage…), ainsi que toute une faune d’oiseaux, de petits mammifères, de reptiles, d’insectes, qui concourent à l’équilibre du milieu en se nourrissant des prédateurs des cultures produites sur ces terrasses. Cet écosystème évite le recourt systématique aux pesticides. »
  • Savoir-faire impossible à reproduire mécaniquement : « L’Arrêté du 24 décembre 2015 désigne le métier de "murailler" comme une spécialité de maçon du patrimoine dans la liste des métiers d’art relative à la qualification artisanale et au répertoire des métiers (cf. Journal Officiel n°0026 du 31 janvier 2016 texte n° 48). Cette liste est établie conjointement par le Ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique, la Ministre de la culture et de la communication et la Secrétaire d’État chargée du commerce, de l’artisanat, de la consommation et de l’économie sociale et solidaire. »
     [3]
  • Identité culturelle : « La pierre sèche est une solution alternative à plus d’un titre, celui de la préservation de paysages identitaires à forte attractivité touristique, levier de développement local, mais encore celui de la gestion de l’environnement : prévention des incendies et des inondations, gestion de l’eau et des
    sols. »
     [4]
  • Un ouvrage solide et pérenne. Ouvrage de construction qui fonctionne comme un mur poids : « La direction nationale des routes a fait l’inventaire du patrimoine de murs de soutènement du réseau routier Français et constate que 20% des ouvrages de soutènement sont en pierre sèche, soit près de 400000 m² et doivent être maintenu. Il en est de même pour les soutènements de bien des voies ferrées, comme dans les Alpes ; EDF prend conscience que nombre de petits barrages d’altitude sont gainés de pierre sèche, ce qui contribue à leur résistance .
     [5].
  • Une construction écologique
    Plusieurs secteurs : la culture, l’environnement, l’emploie, le tourisme, les routes, l’économie, le développement durable… L’essor de l’agriculture de la plaine, longtemps univers de marais et de rocailles, a progressivement entraîné l’abandon de la « colline ».
    L’eau est une nécessité au quotidien.
    Un mur maçonné, voir bétonné nécessite l’ajout de barbacanes
    « Ces ouvrages ont la double propriété de freiner le phénomène de ruissellent et de conserver la terre. »

Notes

[1(Ruissellement et risques majeurs, phénomènes, exemple de gestion spatiale des crues. Martine Guiton, Laboratoire des ponts et chaussées, 1998.)

[2(Pierre sèche, Edition le bec en l’air, Pierre Coste – Claire Cornu – Danièle Larcena – René sette – François Xavier Emery.)

[4(Pierre sèche, Edition le bec en l’air, Pierre Coste – Claire Cornu – Danièle Larcena – René sette – François Xavier Emery.)
« En Vaucluse, l’abandon d’un système millénaire d’irrigation en plaine condamne le
réapprovisionnement des nappes phréatiques. »

[5(Pierre sèche, Edition le becen l’air, Pierre Coste – Claire Cornu – Danièle Larcena – René sette – François Xavier Emery.)